Buffalo Bill au Havre...

Buffalo Bill au Havre...

BUFFALO BILL vous connaissez tous ?
Les garçons de ma génération (Ce demi-siècle avait 2 ans, comme l’a presque dit Victor H…) ont avec la télévision et la bande-dessinée, maitrisé le pistolet, la carabine et l’arc, comme cow-boys et indiens en Amérique. Il y avait Pécos-Bill, Cochise, les bisons, la cavalerie… et Buffalo Bill ! Que ce soit dans la cour des écoles Valmy et Brindeau, dans celle des HLM du boulevard d’Harfleur ou de la rue Chanzy nous étions véritablement indiens ou cow-boys !



BUFFALO BILL n’est pas seulement le héros de garçons de quartier. De son véritable nom, William Frederick CODY est né en 1846 et décédé en 1917… De 1882 à 1912, il organise et dirige des spectacles de cirque…


LE BOIS CODY à Graville…
Tout d’abord à nouveau démentir cette rumeur havro-gravillaise… le bois, la rue et l’escalier du Bois Cody NE SONT pas nommés comme cela « à cause » de Buffalo-Bill ci-devant Cody, mais parce que le bois est ce qui subsiste d’une ancienne propriété appartenant à la famille Cody dont l’un des membres élu de Graville était le gendre de l’industriel Mazeline.

10 octobre 2007 la presse havraise fait article associant Buffalo au Bois Cody... le 10 novembre un rectificatif (suite à mon intervention) paraît. Le livre dont parle le journaliste est "Ah quel estuaire !" Eddy Simon - Antoine Fiszlewicz, éditions "petit à petit" 2001. Livre au demeurant plaisant à lire et à vous offrir si vous êtes friands d'anecdotes !
Le 10 novembre 2007, Gl d'Aplemont http://aplemontphoto.blogspot.com/ fait confiance à la presse et passe le rectificatif (bravo à lui de l'avoir fait)

BUFFALO BILL au Havre…
En 1905, le colonel Cody a 59 ans. Après avoir donné son spectacle à Rouen, le vendredi 17 juin « Le Petit Havre » qui couvre l’évènement rappelle « que le colonel Cody et ses peaux-rouges se retrouveront en pays de connaissance. C’est au Havre qu’ils ont débarqué lors de leur première venue en France, en 1889 et nous n’avons pas perdu le souvenir de cette rencontre mémorable en rade du Prince-Monarch qui amenait la troupe, ni des manifestations sympathiques par lesquels les Queue-de-fer, les Bras-d’acier, les Têtes sanglantes, dûment peinturlurées et coiffées de plumes saluèrent la venue des visages pâles de la presse havraise qui venaient les interviewer »
Le lendemain samedi, 3 trains amènent le matériel, les chevaux, la troupe et les ouvriers soient 560 personnes… Cette troupe « débarquée sous une pluie battante avec une rapidité et un ordre parfaits, se mettait dès huit heures du matin, à installer, boulevard de Graville, son vaste campement pittoresque »
« Sur l’emplacement occupé il y a 2 ans, par Barnum, à l’angle du boulevard de Graville et du chemin des Courses, Buffalo installe son campement. Pendant deux jours, ce coin va présenter un aspect dont l’originalité pittoresque ne sera pas sans participer au succès de la gigantesque exhibition » [« Barnum et Bailey » sont venus en octobre 1902]
Ce terrain se trouve « Près la ferme Deschamps à Graville » La rue des courses appelée ainsi depuis 1897, à côté de l’hippodrome des courses du Homet, établi sur les herbages du Hoc. Cette rue des courses devient en 1923 la rue Jules-Vallès puis en 1952 déclassée et cédée aux Tréfileries et Laminoirs.
Dimanche 19 « Le Petit Havre » fait un compte rendu…
« Chez Buffalo-Bill. Les Débuts et Adieux de la Troupe »
« Débuts… et adieux. Les premiers viennent à peine d’avoir lieu que l’on parle déjà des seconds. Buffalo Bill se trouve, en effet, amené à réduire le séjour qu’il se proposait de faire dans notre ville. Si grosse ont été les difficultés d’installation sur le champ de Graville, défoncé par les pluies, que, dans la crainte de ne pouvoir procéder à temps à l’enlèvement de l’immense matériel et de ne partir exactement à l’heure fixée par l’horaire du chemin de fer, le colonel Cody se voit dans l’obligation de supprimer la représentation de ce soir. Dans la matinée donnée aujourd’hui à deux heures, l’extraordinaire tour de Babel de Buffalo Bill fera donc ses adieux au public havrais.
Les difficultés continuent quant à l’installation « ce ne fut pas sans peine, toutefois, que les choses purent être menées à bonne fin. Le sol, inégal, détrempé par les interminables averses de la nuit, transformait tout le champ en un affreux marécage où les voitures de matériel avançaient avec les plus grandes difficultés […] à midi et demi, on disposait encore les tribunes autour de la piste. A deux heures, on enfonçait toujours des piquets pour assujetir les toiles. La foule nombreuse qui se pressait aux guichets devait attendre pendant une heure que les tribunes fussent complètement aménagées. Elle pénétrait enfin et le spectacle commençait. »
Le spectacle est grandiose… Peaux-rouges, cosaques, chevaux, chariots, cow-boys, chevauchées, manœuvres d’artillerie… exhibition de « phénomènes » et d’animaux. « depuis seize ans que nous ne l’avons pas vu au Havre, il a blanchi, le brave Buffalo Bill, mais il n’a rien perdu de son panache, de cette belle fière allure de rude cavalier bien campé sur sa jolie bête. Dans le salut majestueux du feutre, dans le geste solennel et digne, il semble toujours garder un peu de l’ampleur emphatique des héros de Dumas père »
« Tout […] constitue en un mot un spectacle à voir. Et tout cela, avec une paires de bonnes bottes aux pieds, vaut le voyage dans le Far West… humide de la plaine de l’Eure »
Aussitôt terminé, le personnel s’est précipité sur les toiles du campement et le démontage a commencé. Repliées et mises en voiture, elles filaient vers la gare.
A 20 h sur l’emplacement qui était occupé, restait la paille piétinée par des milliers de visiteurs.
Destination suivante… Dieppe, où la troupe joue le lendemain.

Merci à Mr YAK... http://www.lehavredegraffs.fr/ de m’avoir laissé traiter le sujet !

Plan cadastral 1904 (réf AMH - FC / D 3 carton 8 liasse 4)
« HavreLibre » 10/10 et 10/11/2007
« Le Petit-Havre » des 17 au 19 juin 1905

Mercredi 28 octobre 2009

6 commentaires:

GL a dit…

Bravo Laurent d'apporter toutes ces précisions. J'ai ajouté un lien sur ton article sur la page de mon blog.

DAN a dit…

Une page de l'histoire Havraise inconnue de moi.
Par contre, je suis plus que réservé sur ce personnage de Buffalo Bill. N'oublions pas que ce surnom lui vient du massacre qu'il a fait à l'encontre des bisons d'Amérique du nord, privant ainsi les tribus autochtones de peaux-rouges, de leur principale source de subsistance et de survie.

LGV a dit…

Je ne voudrai pas paraitre pour le chieur de service, mais Bill Cody reste celui qui détiend le record de bisons tués lors de ces années de travail pour la compagnie de chemin de fer. Même si je comprend et salue son spectacle qui a fait connaitre le far-west à l'Europe, je déplore que l'histoire retienne ce nom synonime de meurtres d'indiens et de bisons par milliers ! Mais l'histoire est ainsi, marqué par des boucheries. En tout cas article intéressant qui m'a plongé dans un univers et une époque révolue que je n'ai pas connu ! Pour la petite conclusion positive : aujourd'hui dans les cours d'écoles les enfants continuent de jouer aux cowboys et indiens, mais ceux sont ces derniers les gentils...

phyll a dit…

ton reportage met un point final à cette légende du "bois Cody" !!!
je ne reviendrais pas sur les coms de DAN et LGV (même si je suis en accord avec ce qu'ils disent)mais le personnage de "cirque" qu'il était a marqué plusieurs générations !!!
Merci à toi et Mr YAK, encore une belle preuve de collaboration entre blogueurs !!!

Christouf a dit…

Un pan de l'histoire havraise démasqué... Bravo pour Laurent de cette érudition.

jps a dit…

Voilà c'est dit...