SPLENDIDE-CINEMA... salle de spectacle à SANVIC


vue aérienne 1935...


Vue aérienne 2000...






Le point de repère pour ces 3 photos... le coin de la maison de droite



Cet article « Splendide-Cinéma » ne parlera que de la salle de cinéma.
Concernant le carrefour Cronstadt - Begouen - Cavée-verte - Jules-Guesde… DAMIEN le 6 mars 2008 http://lehavredavant.canalblog.com/ ainsi que DAN et NICEPHORE les 14 et 17 janvier de cette année http://havrais-dire.over-blog.com/ l’ont traité de parfaite façon !

A l’emplacement de ce qui sera la salle de cinéma, n° 177 rue de la Cavée verte, de 1904 à 1925, H. BAZIN jardinier-fleuriste est installé
De l’autre côté du trottoir, côté Sud, la ville du Havre (Sanvic sera annexé au Havre en 1955) et l’ OCTROI BEGOUEN au n° 100 de la rue de la Cavée verte, à l’angle de la rue Begouen.
Le tramway descend la rue de Cronstadt, prend à gauche la rue de la Cavée verte, pour se diriger vers Sanvic… Ce faisant il passe entre l’Octroi Begouen et Bazin le jardinier-fleuriste.

Camille SIMENEL né en 1887, fait des études d'architecte, mais doit les abandonner… il devient chauffeur aux Chargeurs... Au début des années 20, il décide de créer un cinéma et dessine les plans de la salle. SIMENEL CAMILLE voulait que ses initiales « S C » apparaissent… alors il pense au « SPLENDID-CINEMA »

D'après le témoignage (rapporté par Serge Tinel) de son oncle maternel Georges SIMENEL, 85 ans, fils de Camille, lors d'une visite à son domicile, le 9 mai 2007…
« Pendant les travaux de construction, les ouvriers allaient boire le coup au café BRETON ou CHEVRON juste à côté »
Au 147 rue Gambetta (rue Romain-Rolland) à l’angle de la rue de la Marne (rue Jules-Guesde) mademoiselle PIGEON est gérante des « Caves générales »

1926 18 novembre, lettre du maire de Sanvic à « C. Simenel 175 rue de la Cavée-Verte »
« La commission des Bâtiments se rendra à la salle que vous avez construite en vue de représentations cinématographiques, samedi prochain, à 2 h 1/4 de l’après-midi pour examiner si elle a été édifiée dans les conditions prescrites »

21 novembre, lettre manuscrite, à entête « Splendid=Cinéma » Simenel écrit à l’agent voyer de Sanvic qu’en accord avec les propriétaires, il a fait apposer sur les murs de différentes maisons des pancartes enseignes pour y mettre ses programmes

17 décembre, c'est l'inauguration du "Cinéma-Théâtre" "nécessaire car elle vient satisfairent les populations chaque jour plus nombreuses, du Val-Soleil, de Cronstadt, de la partie haute de la Côte, etc." Sont présent les propriétaires Simenel et Fizet ainsi que les personnalités de Sanvic. Un journaliste du "Petit-Havre" dépéché sur place explique que les aménagements ne sont pas entièrement terminés, mais que 1200 spectateurs peuvent tenir dans cette salle confortable et d'excellente visibilité ! "pourquoi faut-il qu'un malheureux contre-temps ait ternit quelque peu cette inauguration. L'homme propose et la machine dispose trop souvent" Des plombs sautent et provoquent des interruptions fâcheuses et un défaut de luminosité. "Le Fantôme de l'opéra" en couleurs naturelles, fut présenté. Un orchestre interpréte notamment des pages de Faust. L'artificier Guérard présente une "pièce d'artificice de scène". Après les représentations une coupe de champagne est servie. "Débuts modestes, mais prometteurs, ce qui enchantera une partie de la population Sanvicaise, peut-être trop sevrée de saines distractions"

1928 « Camille oubliant de payer ses fournisseurs, fait faillite et a du céder la salle de cinéma » [D'après le témoignage, rapporté par Serge Tinel, de son oncle maternel Georges, 85 ans, fils de Camille SIMENEL, lors d'une visite à son domicile, le 9 mai 2007]

Il existe un concurrent à cette salle, il s'agit du cinéma "L'EXCELSIOR" rue Victor-Hugo (maintenant rue docteur-Brouardel)

4 décembre « Le Petit-Havre » « A Sanvic. Le SPLENDIDE CINEMA. Jeudi prochain aura lieu la soirée d’inauguration du « Splendide Cinéma » de Sanvic. Dans un cadre luxueux et rationnellement établi les fervents de cet art que déjà il parait impropre d’appeler l’art muet, passeront des soirées agréables. Deux vestibules décorés avec goût précèdent la salle. Dans ces vestibules, le programme du spectacle sera gracieusement offert aux spectateurs. La salle très vaste, en pente douce, est meublée de confortables fauteuils. Les murs, couleur argent, jusqu’à mi-hauteur sont dans leur partie haute tapissés d’un papier du plus heureux effet. Le plafond a été savamment composé. Blanc, carrelé noir, il est orné, en son milieu de grilles ajourées, couleur or. 1200 ampoules assurent un éclairage parfait à la salle. Deux escaliers décorés mènent aux fauteuils de balcon copieusement rembourrés. L’écran est vaste, avant la représentation un superbe rideau grenat le dissimule. Derrière l’écran, une scène aménagée pour le théâtre et savamment éclairée, servira plus tard lorsque des représentations seront données. L’orchestre du « Splendide Cinéma » est composé de huit musiciens. Voilà une nouvelle salle digne de recevoir un nombreux public pour lequel un gros effort a été fait. Signalons, pour terminer, que la salle chauffée en hiver par des courants d’air chaud issus d’un système de trappes réglées au plafond, sera par ce même système, réfrigérée en été. Si l’on joint à cela des présentations de films sélectionnés, il est impossible de douter de la vogue que connaîtra le « Splendide Cinéma » [article non signé]
Vous remarquerez qu’un « e » est ajouté à SPLENDID
En effet, le lendemain, est inaugurée la salle. 1200 places occupées afin d'assister à un concert puis à la projection d'un film.
Les semaines suivantes, seront toujours présentés... 2 grands films, des actualités et des documentaires.

1930 le 13 mai, une délibération du Conseil municipal nous apprend qu'un urinoir est installé face à la « nouvelle salle de cinéma »

1931, Depuis 1927 le cinéma est parlant, on peut lire dans "le Petit-Havre" « On jase encore des derniers succès des films gais, sonores, parlants, chantants passés au « Splendide Cinéma ». La nouvelle direction se surpasse dans la variété de sa programmation. Des heures délicieuses vous attendent cette semaine avec le si célèbre Al. Jolson [Sic… il s’agit bien entendu de Al Johnson « le Chanteur de jazz »]

1933 changement de numérotation la rue de la Cavée verte, le n° 175 devient le n° 193

1935 P. Hébert, propriétaire, puis en 1936 sa veuve jusqu’en 1939

1937, le 21 mai le commissaire de police de Sanvic envoie une lettre au maire, selon une circulaire relative à la projection de films montrant des « scènes de gangsters, d’attaques à main armée, de cambriolages et d’attentats criminels analogues »… le rapport qui suit nous éclaire sur cette censure appliquée… « je me trouvais à la représentation du soir à ce cinéma et j’ai assisté à la projection d’un film américain, de la Métro-Goldwin-Mayer, intitulé « Tribunal Secret ». Ce film rentre entièrement dans la catégorie des films visés » Il en a informé monsieur Chazelle, le directeur et demande au maire de lui donner un nouvel et dernier avertissement.

1939, le 3 septembre, jour de la déclaration de la guerre… 2 films à l’affiche « Le crime du docteur Tindall » et « La fille de la Madelon »… avant fermeture !
23 septembre, les cinémas « Excelsior » et « Splendide Cinéma » sont autorisés à rouvrir, mais… « 1°) le spectacle devra se terminer à 23 h 15 au plus tard, que la projection des films soit ou non épuisée. 2°) en cas d’alerte vous devrez avertir les spectateurs et les inviter, en leur demandant d’observer la plus stricte discipline, soit à se retirer s’ils désirent regagner leur domicile, soit à se rendre dans les dépendances situées au fond de la salle où ils trouveront une protection relative. 3°) à la fin du spectacle une annonce sera faite, par vos soins, recommandant aux personnes de veiller à ne pas utiliser de lumières visibles de l’extérieur une fois rentrés chez eux. »

1940, 19 mai, la dernière séance au « Splendide » et le sur-lendemain, dans la presse « Fermeture à 21 heures des cafés, hôtels et restaurants. Dancings, Théâtres et Cinémas sont fermés. La Préfecture nous communique : En exécution d’une décision de M. le Général Commandant la 3e Région, les cafés, cabarets, estaminets, débits de boissons, hôtels, restaurants, etc, dans la Seine-Inférieure, seront fermés à 21 heures. Toute musique sera supprimée dans ces établissements. »
15 septembre, reprise au « Splendide »… et ce pendant toute la durée de la guerre… passe entre autres films, en 1943 « Pépé le Moko »

1944, lundi 11 septembre, « la nuit est marquée par un grondement incessant, accompagné de tirs et d’explosions venant du Nord-Est. Bien que ne sachant rien de ce qui se passe, la population pense que tout ce fracas est l’annonce d’une libération proche. Les formations d’avions prévues pour le quatrième bombardement (Cadillac) arrivent à 7 h 30. La superficie comprise entre le Palais des Régates (actuel) à Sainte-adresse, le Grand-Hameau à Bléville et toute la côte incluse, doit être attaquée. A la vue des fusées de balisage, la population redoute à nouveau le pire. Mais, les troupes alliées ont progressé avec succès dans la nuit. Pour éviter d’être atteinte par erreur, elles indiquent leur position à l’aide de fusées. Les avions repartent, des bombes ont quand même été lâchées et ont touché à Sanvic : le « Splendide Cinéma » au n° 193 rue de la Cavée-Verte ainsi que des maisons alentour (actuelle extrémité de la rue R.-Salengro sur la rue de la Cavée-Verte) »

1954, le 17 août « Havre-libre » « Le cinéma « Splendide » […] avait été si gravement endommagé au moment de la Libération qu’on ne pouvait guère songer à réparer les dégâts. Aussi donc, la façade qui, seule, n’avait point trop mauvaise apparence, subsista-t-elle pendant près de dis ans dans l’attente qu’il serait statué sur le sort du « Splendide ». C’est maintenant chose faite et l’on procède à la démolition des ruines qui libéreront ainsi un terrain qui serait fort utile pour la construction dans ce quartier en plein essor. »
Photo de la façade délabrée et soutenue par des étais…

1955, le 16 juin, le « Centre National de la Cinématographie » écrit au maire, pour lui demander « si des projections cinématographiques ont lieu dans la salle [« Splendid cinéma à Sanvic »] citée en objet »
Une réponse est envoyée au C.N.C « Cinéma totalement sinistré en septembre 1944 et non reconstruit »

1971, en décembre, afin de pratiquer l’ouverture d’une voie nouvelle qui reliera la rue de la Cavée verte à la rue Salengro et « dans cette perspective lointaine, une des propriétés sises rue Romain-Rolland, à l’Ouest du terrain vague, jadis occupé par le cinéma Splendid, a été démolie ces jours derniers, étant libre d’occupation »

1974, avril, la rue créée entre les rues de la Cavée verte et Romain-Rolland, est ouverte à la circulation !

Le « Splendide Cinéma » a vécu !
Documents utilisés… Presse havraise, Fonds Sanvic, Annuaires Micaux… consultables aux Archives Municipales du Havre.
Je ne m’en suis pas servi, mais il existe un dossier aux Archives « Cinéma. Salle. Cinéma Le Splendide » référence : 33/4.1
Documents de l’auteur…
Photo du ticket de cinéma (collection Marc-Georges)
« Le Havre cinq années d’occupation en images 1940-1944 » tome 2 Jean-Paul et Jean-Claude Dubosq - Editions Bertout 1998
Je vous recommande la lecture de « La Gazette de Sanvic » Journal de l’Association « Sanvic pour un meilleur cadre de vie »
Vendredi 4 décembre 2009

13 commentaires:

phyll a dit…

j'ai entendu parler de ce cinéma pour la première fois au cours d'une (des très nombreuses) conversation avec DAN. Je trouve ici avec grand plaisir un historique très complet !!!
Merci Laurent pour ce partage !!!

GL a dit…

La place de ciné à 2 francs - Quel bon temps.
Si Marc Georges, que je salue, a gardé tous ses tickets ça doit être énorme!

DAN a dit…

Bonsoir Laurent.
Avec cet article tu réveilles des souvenir de jeunesse. J'ai joué dans cet espace qui est maintenant la rue avec mon ami qui habitait au 54 rue Romain Rolland. Nous avions comme terrain de jeu l'emplacement de ce cinéma, avant et après démolition de la façade.
Mon père habitant (et moi aussi évidemment) au 215 m'avait dit que la dernière bombe de la guerre était tombé sur ce cinéma.
Pour en revenir au terrain vague occupant l'emplacement de la salle, il restait, à cette époque, les pavés des urinoirs et des toilettes (en bleu sur fond blanc).
Comme nous construisions des cabanes sur ce terrain nous "empruntions" quelques matériaux encore en place sur terrain devenu vague, mais où j'ai passé des heures extraordinaires.
Je me souviens très bien de l'emplacement de la salle et, si un jour on se balade la bas, je pourrais te faire voir exactement où elle était située.
J'ai vu tes photos et, il me semble que son emplacement est pas très bien marqué.
Mais je pense que nous aurons l'occasion de reparler de vive voix de ce cinéma? ainsi que des deux autres salles de sanvic, l'excelsior et le Marny, mais ceci est une autre histoire.
En tous cas chapeau pour les précisions j'ai ainsi pu apprendre des choses que j'ignorais totalement !
Excellente fin de semaine Laurent.

marcopolo76 a dit…

Tout à fait "chapeau" pour les précisions apportées sur ce cinéma dont j'ai découvert l'existence avec Dan & Damien ..!
Marci Laurent
Marco

Arnaud a dit…

Et bien moi qui vient de me taper le film "le cerveau" ce soir et qui était un peu nostalgique de notre gare maritime, voilà t'y pas que tu rajoute une couche (bien que, je l'avoue, je suis trop jeune pour avoir connu ce cinéma !).

phyll a dit…

encore une balade plaisir en perspective dans ce quartier !!!!

Unknown a dit…

Je ne connaissais pas l'histoire de ce cinéma. Comme toujours Laurent nous écrit un article détaillé et précis qui réveille chez certains de bons souvenirs.

François vaudour a dit…

Concernant les bombardements, la côte et le quartier de la rue d'Etretat a eu chaud. Je pense qu'une partie de Sanvic aurait aussi succombé.

Merci pour avoir remonté à la surface ce souvenir de Sanvic des années 30 que me racontait mon grand-père.

Laurent a dit…

A vous tous merci ! l personne m'a contacté par mel... pour des souvenirs !
Dan tu es le mieux à même pour en parler, le cinéma était à 1 minute à pied de chez toi. Tu as raison la salle était très près du carrefour Guesde-Cavée ! J'ai revérifié avec documents.

DAN a dit…

Salut Laurent
Tu veux des souvenirs du lieux ? Parce que le cinéma je ne l'ai pas connu à part les toilettes (rire)
Sinon tu as presque l'essentiel dans mon commentaire.
Je peux ajouter, mais ça ne concerne plus le splendide, que j'ai joué aussi dans la maison de l'horticulteur avant sa démolition.
Mais j'ai 32 ans de vie la bas, alors forcément j'ai beaucoup de souvenirs attachés à ces lieux.
@+ Laurent !

hatedaniel1946@yahoo.fr a dit…

Bonnes vacances Laurent !

DAN a dit…

Bonnes fêtes de noël Laurent, ainsi qu'à tes proches !

Unknown a dit…

Bonjour ,

superbe histoire du marny , moi qui habite juste derrière le cinéma , car j'ai acquis le terrain en 1987 pour y construire ma maison .Sur se terrain il y a un garage ou plutôt l'ancienne menuiserie du cinéma qui servait a faire les décores de spectacles du cinéma qui se trouve au fond de l'allée .Lors de l'achat du terrain , c'est le neveu héritier de Mr Jean Germond qui me l'a vendu , je lui ai demandé pourquoi le cinéma s'appelait Le Marny ( d'après ses dires , sont oncle était originaire le la Marne et se serait pour sa qu'il a surnommé son Cinéma le MARNY ) , j'habite au 1 bis rue de l'artois et le propriétaires du cinéma ( shopi ) sont MR et Mme Baudet Michel .Voilà pour la petite anecdote du Cinéma .